Invité de l’émission Expression Directe de la radio GERDDES du dimanche 24 Juillet 2025, le Maire Charlemagne YANKOTY a montré comment Porto-Novo est en plein essor grâce aux élus éclairés du Conseil Municipal. Entre le Festival des Masques réussi, des tensions sociales à la mairie , des accusations de gestion douteuse sans fondements et la niveleuse, il sort de son silence et répond à tout sans filtre. un échange directe sur ce qui marche, ce qui coince et ce qui fait débat. Lire l’intégralité de son déballage au micro de Laurent AGBOTOUYEDO.

Les 02 et 03 août derniers, le gouvernement a organisé la deuxième édition du Festival des masques dans la ville capitale. Un rendez-vous culturel qui a une fois encore révélé Porto-Novo sur le plan culturel. Mais deux ans après, quel bilan peut-on faire de cet événement qui est passé du Festival International de Porto-Novo au Festival des masques ? Qu’est-ce qui a véritablement changé ? La population se retrouve-t-elle à travers ce nouveau format ? C’est pour avoir réponse à ces questions que nous avons reçu le maire de la ville de Porto-Novo, M. Charlemagne YANKOTY. Nous avons également recueilli le regard de notre invité sur le dossier relatif à l’achat d’une niveleuse qui divise actuellement le conseil communal, puis nous sommes revenus sur le bilan des grandes réalisations de la quatrième mandature.
Journaliste : Monsieur le Maire, bonjour.
Maire : Bonjour Monsieur le journaliste.
J : Monsieur le Maire, comment vous sentez-vous après ce moment de fête que votre commune a connu il y a quelques jours ?
M : Merci. Je tiens d’abord à saluer les auditeurs de la radio GERDDES FM pour leur fidélité, et vous dire que je me porte bien. C’est vrai que ce n’est pas toujours facile : on a la voix un peu enrouée après de tels événements, mais dans l’ensemble ça va.
J : Comme je l’annonçais dans mon introduction, votre commune a accueilli pour la deuxième fois ce vaste programme culturel initié par le gouvernement. En termes de bilan, que peut-on retenir, Monsieur le Maire ?
M : Merci beaucoup, Monsieur le journaliste. À propos du Festival des Masques, il faut rappeler son origine. Ce festival est en réalité la version rénovée du Festival International de Porto-Novo, que la commune a porté jusqu’en 2023. C’est compte tenu de la dynamique enclenchée et du niveau atteint que le gouvernement a décidé de l’institutionnaliser, pour en faire un événement national et, pourquoi pas, sous-régional !
Grâce à l’appui du gouvernement et à la vision du Chef de l’État, le festival a pris une nouvelle dimension. Il bénéficie désormais d’une visibilité accrue et met en lumière le patrimoine des masques, un genre à la fois culturel et cultuel, riche mais encore peu connu. Notre objectif est de faire de Porto-Novo la capitale des masques africains et d’outre-mer. Comme vous l’avez constaté, nous avons invité des sociétés de masques de Côte d’Ivoire et du Nigéria. C’est dire toute notre ambition. Nous sommes satisfaits de cette deuxième édition, et notre mandature peut être fière d’avoir porté ce projet à un tel niveau que l’État a décidé d’en prendre le relais.
J : Malgré ces innovations, les Porto-noviens restent attachés à l’ancien format. Cette année, par exemple, beaucoup ont éprouvé des difficultés pour accéder aux sites du concert et de la parade. Ne pensez-vous pas que cela ternit l’image du festival ?
M : Non, bien au contraire. Permettez-moi de préciser une chose : les grands événements obéissent à des normes. Lorsqu’on veut inscrire une manifestation d’une telle envergure dans les standards internationaux, on est tenu de s’y conformer. Prenons l’exemple du concert : habituellement, il se tenait sur l’esplanade de l’Assemblée nationale. Mais au regard de la foule qui s’y déplaçait, cela devenait inadapté, presque ingrat de maintenir ce site. Dès l’an dernier, lors de la dernière journée de concert, nous avons constaté que l’espace ne suffisait plus. Nous avons donc très tôt compris que l’édition suivante ne pourrait pas s’y tenir. Il fallait trouver un lieu capable d’accueillir le public attendu. C’est ainsi que le site habituellement dédié à la parade des masques a été choisi pour recevoir désormais les concerts.
Cependant, l’accès à ce site n’a pas été simple. Vous savez, des dispositifs avaient été installés aux entrées et sorties du pont, ce qui limitait les issues. La seule voie restée praticable, en raison du relief de la zone, était celle qui mène directement à l’Assemblée nationale -la rue des Manguiers-. C’est donc par-là que toute la foule a dû passer. Je pourrais vous renvoyer aux images : il y avait des dizaines de milliers de festivaliers, aussi bien pour les concerts que pour la parade. Il est donc compréhensible que certains aient eu ce ressenti.
Je comprends parfaitement la situation que vous évoquez. S’il s’agissait de la circulation en ville, c’est vrai qu’elle a été perturbée : plusieurs voies étaient en chantier, ce qui a provoqué une forte congestion. Mais c’était circonstanciel, et nous espérons qu’aux prochaines éditions, nous ne connaîtrons plus de telles difficultés.
J : Mais que gagne concrètement la capitale à travers ce vaste projet culturel ?
M : Plusieurs choses. La première, c’est la visibilité. Aujourd’hui, il y a un véritable repositionnement de Porto-Novo sur le plan culturel, et cela renforce aussi sa visibilité à l’international. A l’instar de Ouidah avec les Vodun Days, on voit bien l’impact que cela a à l’étranger. Désormais, parler de Porto-Novo pour le Festival des masques, en période de vacances, amènera les gens à l’inscrire dans leur agenda. Nous avons déjà constaté la présence de nombreux festivaliers venus de l’extérieur qui l’ont intégré à leur calendrier.
Cela booste forcément l’économie locale : les hôtels ont accueilli des touristes, des particuliers ont loué leurs maisons, et l’activité commerciale a été relancée. Il faut aussi reconnaître que cet événement accroît la fréquentation touristique de Porto-Novo. Ceux qui viennent ont l’opportunité de découvrir les merveilles de notre ville. Porto-Novo a une âme, elle capte et séduit dès le premier contact. Nous en sommes très fiers et nous travaillons à renforcer encore cette attractivité. Je peux donc vous assurer que Porto-Novo a déjà beaucoup gagné, et qu’elle a encore davantage à gagner dans l’avenir.
J : Mais certains déplorent qu’à la différence des Vodoun Days, le concert n’ait pas accueilli d’artistes internationaux, et que peu d’artistes de l’Ouémé aient été programmés.
M : Monsieur le journaliste, si nous voulons avoir un rayonnement international, il faut que nous nous ouvrions aux autres. Contrairement aux Vodun Days, où l’option a été faite d’accueillir des artistes internationaux, le Festival des Masques a choisi une orientation différente : être nationaliste, c’est-à-dire mettre en avant nos propres artistes, du Sud jusqu’au Nord. Nous estimons qu’il n’y a pas mieux que nous-mêmes pour promouvoir nos artistes. Et la meilleure manière de les valoriser, c’est de leur donner l’opportunité de prester sur des scènes qui seront vues et appréciées à l’international. C’est là une spécificité du Festival des Masques, et nos artistes en sont fiers.
Vous avez également fait remarquer qu’il n’y avait pas beaucoup d’artistes invités. Mais il faut d’abord comprendre le fonctionnement du festival. Cette année, il s’est déroulé sur deux jours seulement, alors que nous plaidons pour obtenir au moins quatre jours. Le principe du festival, c’est qu’il se tient le premier week-end qui suit la fête de l’indépendance, le 1er août. L’an dernier, le 1er août est tombé un jeudi, ce qui a permis d’organiser trois jours d’activités (vendredi, samedi et dimanche). Mais cette année, le 1er août est tombé un vendredi, et le premier week-end suivant correspondait uniquement au samedi et au dimanche, ce qui nous a limités à deux jours. Cela nous a fait mal, car cela réduit le nombre d’artistes programmés. L’année prochaine, le 1er août tombera un samedi, ce qui repoussera le festival au week-end suivant. Nous espérons qu’à cette occasion, nos plaidoyers permettront de passer à quatre jours. Et plus nous aurons de jours, plus nous pourrons programmer d’artistes.
Concernant les artistes de nos régions, il y en a eu malgré tout : Manzor, Hovinou Aimé, qui ont presté. D’autres, comme Rico’s Campos, étaient prévus, mais il se trouvait en Belgique au moment du festival. Et puis, il n’y a pas que le Festival des Masques pour promouvoir nos talents. Il faut créer d’autres événements afin de leur donner l’opportunité de se révéler davantage.
J : Monsieur le Maire, au-delà du festival, quel message souhaitez-vous adresser à vos concitoyens ?
M : Aujourd’hui, nous pouvons véritablement nous réjouir au niveau de la 4ᵉ mandature, sans oublier la 3ème mandature à laquelle j’ai appartenu. Nous réjouir, parce que nous avons fait un rêve qui est désormais devenu une réalité. Comme vous le constatez, nous avions rêvé de révéler Porto-Novo à travers sa richesse culturelle. La graine a été semée au cours de la 3ème mandature. Nous avons su tresser la nouvelle corde au bout de l’ancienne et résister aux nombreuses tentatives de découragement. Nous sommes même allés jusqu’à organiser une évaluation du Festival International de Porto-Novo afin de convaincre mes pairs de continuer à maintenir haut le flambeau du festival, malgré les lourdes charges financières que cela représentait pour la ville.
Aujourd’hui, nous pouvons être fiers : tous ces sacrifices consentis par les différentes mandatures qui se sont succédé n’ont pas été vains. Le Chef de l’État a su percevoir la pertinence de ce projet, d’autant plus qu’il a fait du tourisme un levier économique majeur pour notre pays. Il a compris que c’est un événement qu’il fallait inscrire dans l’agenda des grandes manifestations nationales. Et désormais, Porto-Novo peut se glorifier et dire : nous avons accompli un exploit. Nous gardons l’espoir qu’année après année, ce festival continuera de grandir et de s’améliorer.
J : Mais depuis quelques jours, des agents de mairie protestent pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Que se passe-t-il ? Affamez-vous vos collaborateurs ?

M : Nul n’est affamé à la Mairie de Porto-Novo.
Tout d’abord, les agents de la mairie perçoivent leurs salaires régulièrement, et ce, à l’indice réel. Il faut toutefois rappeler qu’au moment où nous avons pris les rênes de la mairie en 2020, la dette sociale -c’est-à-dire ce que l’administration devait au personnel- était colossale. Même le personnel n’avait pas une idée précise de son montant. Cette dette était dynamique : les agents n’étaient pas payés à l’indice réel, il n’y avait ni avancement ni reclassements comme cela se doit.
Conscients de la gravité de la situation, nous avons cherché à comprendre pourquoi les mandatures précédentes avaient eu tant de difficultés à honorer ces engagements. Nous avons rapidement compris qu’il fallait stopper l’accumulation de cette dette. Dès 2021, nous avons commencé par payer les agents à l’indice réel, procéder aux reclassements nécessaires et évaluer la dette, qui s’élevait alors à plus de 210 millions de FCFA, remontant à l’époque de la Circonscription urbaine.
Pour l’éponger progressivement, nous avons affecté une partie des résultats chaque année :
- la première année, 100 millions ont été mis à la disposition du personnel.
- la deuxième année, nous avons réglé un reliquat de 20 millions pour les retraités et ajouté 50 millions supplémentaires. Ainsi, pour la dette antérieure, il ne restait plus que 40 millions, avant l’arrivée de la réforme salariale.
Les syndicats ont passé trois ans avec l’ancienne SE, mais sans parvenir à récupérer le reste de la dette. Entre-temps, la revalorisation salariale entrée en vigueur en décembre 2022 a relancé le débat salarial. Après plusieurs mois de plaidoyers, il a été décidé en conseil des ministres que cette revalorisation devait également concerner les agents des collectivités territoriales, avec effet rétroactif, tout en nous laissant le soin d’éponger la dette selon nos moyens.
La mise en œuvre des nouvelles grilles salariales à la mairie de Porto-Novo a été difficile. Un syndicat réclamait que les arriérés soient payés avant l’application de la nouvelle grille, tandis qu’un autre, soutenant la SE, estimait qu’il fallait attendre le collectif budgétaire. Finalement, le Préfet a ordonné le paiement à la nouvelle grille, et depuis 2024, tous les agents sont à l’indice réel.
Lorsque la SE est partie, une nouvelle SE est arrivée, accompagnée d’un DAAF récemment nommé. Entre-temps, des tensions sont apparues avec certains responsables syndicaux, manipulés par des collègues cherchant à jeter le discrédit sur l’administration. Pendant une mission au Gabon, un « setting » a été initié pour dénoncer un prétendu blocage, alors que j’avais moi-même demandé à la nouvelle SE de prendre contact avec les syndicats pour identifier les situations à corriger. Les critiques étaient infondées, et les agents ont fini par reconnaître que les démarches syndicales avaient été prématurées, créant un trouble inutile.
Grâce au travail du DAAF et des agents, la dette a été réévaluée à 150 millions. Avec le budget disponible de 69 millions, nous avons complété les 8 millions nécessaires et avons épongé la totalité de la dette. Nous avons également dégagé 40 millions pour payer les ristournes aux collecteurs et aux agents en charge des droits taxis. Un des syndicats a reconnu l’effort dans un communiqué de remerciement. Ainsi, sur une seule année, plus de 200 millions de FCFA ont été mobilisés pour les agents, tout en respectant le budget.
Parallèlement à la régularisation des salaires, nous avons constaté qu’il était urgent de renouveler la niveleuse de la ville, acquise lors de la première mandature et tombée en panne depuis plus de deux ans. Son remplacement était indispensable pour l’entretien des voies en terre de Porto-Novo. Cette acquisition a été inscrite dans le Plan de Développement de la Commune, et 150 millions ont été provisionnés pour l’achat d’un engin neuf via l’AGLO, agence chargée de l’acquisition de matériel roulant. Les démarches se sont poursuivies jusqu’à compléter le financement, permettant à notre mandature de mettre à disposition de la ville une niveleuse neuve, renforçant ainsi les capacités d’entretien des routes.
Malgré ces efforts, certains collègues ont critiqué l’achat de la niveleuse, arguant que les fonds auraient dû être utilisés pour recycler les pavés ou payer les dettes des agents. Nous avons démontré que ces arguments étaient infondés, et sur 29 conseillers, 26 ont voté en faveur de l’achat, confirmant notre choix de prioriser le développement de la ville.
Aujourd’hui, près de 80 % des voies de Porto-Novo sont encore en terre. Si nous remercions le Chef de l’État pour l’effort d’asphaltage, il est clair que notre réseau routier nécessite un entretien constant et que la nouvelle niveleuse contribuera à cet objectif.
J : Venons-en au dossier de la niveleuse, qui suscite des polémiques. Pourquoi cet achat ?
M : C’est parce que nous avons la chance de disposer de quelques mètres linéaires de piste dans le cadre du programme du gouvernement et que celui-ci nous envoie des tracteurs pour reprofiler certaines voies, que nous pouvons avancer. Mais il est impossible de reprofiler toutes les voies à cause du manque d’engins. Nous avons accumulé trop de gravas sur certaines voies, et il nous manque des moyens pour les niveler. Aujourd’hui, nous voulons acheter une niveleuse pour réaliser cet exploit, et ce sont précisément les mêmes collègues qui prétendent qu’en débloquant seulement 40 millions, nous porterions atteinte au gouvernement. Quel esprit les anime donc ?
Je remercie sincèrement le reste de mes collègues et mes conseillers, ceux qui ont compris. Car il faut avouer que parfois, je suis amer. Lorsque l’on s’échine, que l’on réfléchit avec certains, que l’on bénéficie du soutien de la majorité, et que quelques individus -pour des raisons politiciennes qu’eux seuls connaissent- tentent de vous faire des croche-pieds sans arguments solides, il y a de quoi dénoncer de telles attitudes. Ce ne sont pas des gens dignes de représenter la population qui nous a élus. Il faut le dire : ils observent nos réalisations, mais ne les reconnaissent pas.
Aujourd’hui, regardez le chemin parcouru depuis la première jusqu’à la troisième mandature dans la construction de l’hôtel de ville de Porto-Novo. Cet hôtel de ville, avant, n’était pas digne de notre capitale. Nous avons porté le projet jusqu’au niveau du Chef de l’État. Nous l’avons élaboré, structuré avec un groupe et travaillé discrètement jusqu’à ce qu’il soit accepté et appuyé par le Chef de l’État. Aujourd’hui, notre hôtel de ville représente plusieurs milliards de FCFA, dont une partie apportée par la commune elle-même. L’entreprise chargée de la construction a été retenue et le site remis ; elle dispose de 24 mois pour achever l’ouvrage. C’est un véritable exploit.
Sur le plan culturel, en dehors du festival que nous avons initié pour obtenir une visibilité internationale avec le soutien du Chef de l’État, nous avons rénové de nombreuses places et sites Vodoun. Nous travaillons également sur l’obélisque KPAKLIYAO avec l’appui du Chef de l’État. Avec le projet ABESSAN, nous continuons à renforcer l’attractivité de notre ville.
Quant au projet Porto-Novo Ville Verte, certains disent qu’il date de la deuxième mandature. Mais il s’agit d’un projet de six ans, signé en décembre 2015 et prévu jusqu’en décembre 2021. Lorsque nous sommes arrivés en mai 2020, le projet n’était même pas à 15 % de réalisation. Avec plus de 7 milliards FCFA, et face à la menace des partenaires de rapatrier leurs ressources, nous avons retroussé nos manches, allant même jusqu’à Paris pour négocier une rallonge auprès de l’AFD. Ce fut difficile, car c’était la première fois que l’AFD finançait directement une collectivité territoriale. Grâce à notre plaidoyer, l’AFD nous a accordé deux années supplémentaires, et en trois ans, nous avons réalisé ce qui était prévu sur six ans. C’est un véritable exploit.
Malgré ce succès, plus de 100 millions ont été rapatriés, mais nous avons atteint la majeure partie de nos objectifs. Dans le secteur de l’assainissement, le noyau ancien du 1er arrondissement a été transformé. Dans le secteur de l’éducation, nous avons investi massivement, permettant à Porto-Novo d’être classée première commune du Bénin selon le ministère de la Gouvernance locale pour l’exercice 2025.
Nous avons également introduit une approche de partenariat public-privé pour l’assainissement, mobilisant des personnes de bonne volonté comme le vieux HOUNDAGNON Antoine, le douanier AKLE, ou madame AKPLOGAN, propriétaire de la pharmacie Les Palmiers. Ces initiatives permettent d’aller au-delà des capacités de la mairie seule.
Dans le secteur de la santé, tous les centres de nos arrondissements ont été dotés d’équipements essentiels : échographes, lits, etc. Même le ministère nous a félicités, car nous avons permis aux populations les plus modestes d’accéder à des soins de qualité, sans avoir à se rendre au CHDO.
En matière de mobilité humaine, nous sommes la seule commune du Bénin à concevoir des feux tricolores mobiles. Par exemple, au niveau d’El Fatheil, les feux mobiles ont réduit considérablement les accidents sur des intersections dangereuses. Notre objectif est clair : protéger la vie humaine. La police fait ce qu’elle peut, mais nous devons jouer notre rôle également.
Je ne sais pas si c’est à cause de tous ces résultats que certains collègues réagissent ainsi. Nous devons être fiers de ce que nous avons accompli. J’ai été dans l’opposition, mais aujourd’hui je suis fier de présenter ce bilan. Nous avons également accompli beaucoup pour les agents de la mairie, et je les mets au défi de me citer un autre maire qui ait fait autant. Comment se fait-il que certains de nos propres collègues entretiennent des comportements contraires au développement ? On ne va pas réduire tout ce que nous avons produit à la simple question des dettes salariales.
C’est fort de tout cela que nous sommes remontés à bloc. Je ne suis pas seul ; la mandature est collective. YANKOTY ne peut rien faire sans les autres conseillers. Il n’est pas nécessaire que tout le monde soit unanime, mais la majorité l’est. Nous disons halte à l’intoxication et refusons que quelques individus dénigrent le travail accompli.
J : Monsieur le Maire, concernant l’acquisition de cette niveleuse, certains disent que vous souhaiteriez attribuer ces marchés à vos proches. Permettez-moi de vous demander : à l’heure actuelle, au Bénin, les textes permettent-ils à un maire de gérer des marchés de cette manière ? Vos concitoyens vous écoutent.
M : Je vais vous le dire : il faut vraiment avoir la tête dans les nuages pour penser autrement aujourd’hui. C’est ce que je dis, certaines personnes rêvent. D’abord, la mairie elle-même -bien que le maire ne soit plus ordonnateur- n’a pas à se mêler de ce genre de choses. Ce n’est même pas une compétence de la mairie. C’est l’Agence Nationale de la Logistique, au niveau national, qui est la seule habilitée à gérer ce type d’opérations pour toutes les communes et pour l’ensemble de l’administration. Donc, l’argent que nous mobilisons sera directement versé sur le compte de cette agence.
J : Donc ce n’est pas le compte du maire.

M : Mais attendez, j’ai déjà dit que la réforme nous fait du bien. C’est elle qui me permet d’être à l’aise et de parler comme je le fais aujourd’hui. Que les gens m’excusent si je parais un peu remonté, mais c’est cette réforme qui nous a poussés à réagir ainsi, parce que parfois, ça ne sert à rien d’autre.
Moi, par exemple, quelle intoxication je n’ai pas reçue ! Même mes collègues écrivent au ministère des Finances pour dire que YANKOTY a détourné des fonds. Inspection par-ci, inspection par-là… mais je suis toujours blanchi, parce que je ne suis pas comme ça. Et ce sont les mêmes personnes qui, parfois, rient avec vous. Peut-être sont-ils manipulés, je ne sais pas.
Quand la population nous mandate, ce sont des missions qu’on nous confie. On doit se serrer les coudes. Vous savez, dans mon parti, l’UPR, nous avons 17 conseillers, et le Bloc Républicain en a 16. Depuis le début, le BR avait toutes les raisons de ne pas me suivre, notamment pour des raisons politiques liées à ceux qui sont avec nous et qui cherchent toujours leur intérêt personnel. Vous imaginez ?
À notre arrivée, ils avaient 7 commissions, nous 4, et le BR 3. Avec la réforme, nous sommes passés à 4. Les BR n’ont rien obtenu, mais ils avaient le droit d’être contre nous, car des promesses leur avaient été faites. Ceux qui nous sabotent aujourd’hui sont justement ceux qui ont eu ces avantages. Ils ne savent même pas comment j’ai géré la colère des BR.
Je saisis cette tribune pour remercier les BR éclairés parmi eux, et je tiens à saluer la mémoire du feu OSSENI Moukaram, un leader hors pair. Lorsque nous envoyons des projets, certains regardent leur pertinence plutôt que la politique, et je pense que ce sont des gens en qui leurs militants peuvent avoir confiance, des personnes fidèles au développement de notre ville.
Il y a ceux qui rêvent du développement de Porto-Novo, mais ils n’ont que la toile pour écrire ce rêve.
J : Justement, en votre sein, les gens décrivent la gouvernance de la mandature soi-disant que vous ne faites rien, vous n’avez rien réalisé.
M : Mais vous avez bien écouté ce que j’ai dit ! Vous allez me dire qu’en venant à la radio GERDDES ici vous ne voyez pas le feu tricolore au niveau d’EL Fatheh ?
J : Absolument !
M : Mais ça, c’est la mairie, ce n’est pas l’État. Cependant, cette voie a été réalisée par l’État. Les techniciens qui ont travaillé sur cette voie n’ont pas prévu de feux tricolores. Donc, doit-on dire que nous n’avons rien fait ? Et le festival, vous ne l’avez pas vu ? Même si vous n’avez pas encore vu l’hôtel de ville, je vous l’ai expliqué : il y a beaucoup de choses concrètes, palpables. Voilà un peu le tableau.
Rassurez-vous, nous avons travaillé. Bien sûr, il reste encore beaucoup à faire. On dit souvent que rien n’est fait quand il y a encore à faire, mais moi je le dis : je suis fier de cette quatrième mandature et de ces conseillers éclairés qui nous accompagnent.
Je ne condamne pas ceux qui ne nous ont pas soutenus, mais je remercie tous ceux qui l’ont fait, car beaucoup nous ont accompagné jusqu’à un certain moment. Même ceux qui posent aujourd’hui certaines actions nous ont, à un moment donné, soutenu. Je ne dis pas qu’ils ne nous ont pas accompagné : ils l’ont fait. Mais que s’est-il passé pour qu’ils changent de position ? Vraiment, j’attends qu’un jour ils l’expliquent.
Journaliste : Oui, monsieur le Maire, vous avez dit tantôt que certains amis qui sont avec vous, du jour au lendemain, commencent à adopter des comportements incompréhensibles. Quand vous voyez tout ça, à un moment donné, n’avez-vous pas envie de tout abandonner ?
Maire : Vous savez, je suis un combattant. J’ai été seul au sein du PRD pendant la troisième mandature, et j’ai mené mon combat ; avant cela, je menais déjà mes combats. Il y a des gens qui sont de vrais combattants, et c’est pour cela que cela ne nous touche absolument pas. Sans passer par le feu, on ne peut rien forger. Il faut toujours considérer que tout ce qui se passe fait partie des étapes que nous franchissons. La manière dont nous restons résilients face à ce que nous vivons, c’est cela qui nous forge et qui renforce notre carapace.
Je pense donc que tout cela est dans l’ordre normal des choses. Mais je veux adresser une invitation à mes collègues, surtout à ceux du PR qui se perdent : le moment n’est pas à cela. Notre parti a besoin de solidarité pour aller à l’assaut des véritables adversaires.
Journaliste : Nous sommes en politique, et certains collègues veulent sûrement devenir Maire.
Maire : Écoutez, si c’est écrit dans leur destin, personne ne peut les en empêcher. Moi-même, de 2015 à 2020, si l’on m’avait dit que je deviendrais maire en 2020, je n’y aurais pas cru. Je ne suis pas ici parce que j’ai rêvé d’être maire. J’ai peut-être travaillé pour renforcer ma visibilité et ma conviction, mais pas pour dire que je voulais devenir maire. Le destin, c’est Dieu qui le définit.
Pour le reste, il faut la conviction : que les gens soient fiers et convaincus de ce que vous faites. Voilà ce que je peux dire. Et je voudrais, comme je le disais tantôt, inviter mes collègues à la raison. Qu’ils sachent qu’au niveau où nous sommes, là n’est pas le combat. Notre parti, c’est l’enracinement.
Aujourd’hui, nous avons des détracteurs de résultats. Nous sommes un parti de la mouvance, mais regardez tout ce que le Chef de l’État a accompli. C’est choquant d’entendre certains dire : « non, on a faim », en oubliant tout ce qui a été fait. Qui ne perçoit pas son salaire ? Certes, nous sommes dans un environnement économique difficile, et pas seulement au Bénin. Mais il ne faut pas rester là à alimenter ceux qui sont là pour nous jeter la pierre. On l’a vu avec le président Yayi et ses réalisations, et aujourd’hui avec le président Talon.
Même nous, maires, ce n’est pas que tout est rose pour nous, mais aujourd’hui nous avons la paix du cœur. Travaillons pour la paix dans nos localités. Nous avons la chance et le privilège que les concitoyens nous ont confié un mandat. Assumons ce privilège avec fierté et rendons compte aux concitoyens, tout en restant à l’aise dans notre compte rendu.
Je me demande quel confort peuvent avoir ceux qui se comportent ainsi, alors que je ne fais rien pour ma poche. Voilà ce que je peux vous dire, monsieur le journaliste, et je vous remercie.















